ÉCLOSION: Créations émergentes en métiers d’art

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L’exposition Éclosion se déroulera à la Galerie Art Mûr, du 19 octobre au 2 novembre 2024. Elle met à l’honneur des diplômé.e.s en techniques de métiers d’art des sept dernières années, toutes disciplines confondues. Cette exposition initiée par les écoles ateliers de Montréal est réalisée en collaboration avec l’Institut des métiers d’art – Cégep du Vieux Montréal, le Conseil des Métiers d’art du Québec et la Galerie CRÉA.

En joaillerie, ce sont Justine Bonnin, Joanie Guillemet et Laura Sasseville qui ont été sélectionnées, toutes trois diplômées de l’École de joaillerie de Montréal. Elles vous présentent leur univers respectif.

Justine Bonnin

Crédit photo: Léa Couture

 

Biographie

Justine Bonnin est née et a grandi en France, sur la côte atlantique, baignée dans l’univers de l’artisanat et des métiers manuels. Après des années de voyage à parcourir le monde et plusieurs allées et venues au Québec, elle décide de s’y installer et entreprend un diplôme d’études collégiales à l’École de joaillerie de Montréal. À la suite de sa graduation en 2018, elle est reconnue pour son travail et remporte la 15ieme compétition nationale des étudiants de Joaillerie au Canada, organisée par la galerie L.A. Pai qui la représente depuis lors.

Récipiendaire d’une bourse du Conseil des Arts et des Lettres du Québec en recherche et création l’année suivante, elle réalise ensuite sa première exposition solo à la galerie L.A Pai, à Ottawa, et fait ses preuves en tant qu’artiste de la relève.

Depuis, elle a pris part à diverses expositions dans la province, à travers le pays et plus récemment aux États-Unis lors de la NYC Jewelry Week. Sa passion irrassasiable pour le travail du métal guide ses explorations dans la matière et la pousse à élargir l’étendue de ses savoir-faire toujours plus loin. À travers son cheminement, elle souhaite contribuer au décloisonnement des disciplines artistiques en élevant la joaillerie au rang de mode d’expression.
Elle vit dorénavant dans la région de Lanaudière au creux de la forêt et au rythme des saisons.

Démarche

Créées autour d’une réflexion sur le concept de la boite et de la relation intime qui nous lie à elle, ces boites portables sont autant de tentatives de relier le monde matériel qui nous entoure au monde intérieur, intangible, qui nous habite.

La fonction de la boite met l’emphase sur ce que l’on décide d’y mettre. Qu’est-ce que ce qu’elle contient nous dit des autres et de nous-même? Pourquoi décider de l’arborer sous forme de bijou portable?

Faites d’objets trouvés et détournés, ces boîtes-parures, tantôt transparentes, secrètes, ambiguës ou évocatrices apportent, chacune à leur manière, pistes de solution.

Le processus créatif de chaque boîte de cette série débute par un objet trouvé attisant la convoitise. Interpellée par sa forme, le questionnement qu’il suscite et la poésie qu’il dégage, Justine développe ensuite le concept de la boite autour de ce dernier en prenant en considération l’ensemble de ses caractéristiques. D’autres matériaux comme le verre, le laiton, l’argent sterling ou l’acier inoxydable viennent ensuite compléter la pièce pour créer le couvercle, une structure si besoin et l’apprêt de broche.

 

Boîte pour l’intangible #1 (broche, 2023) : bronze, verre, acier inoxydable. Crédit photo : Anthony McLean

 

 

Boîte pour l’intangible #4 (boîte de poche, 2023) : argenterie, argent sterling, or. Crédit photo : Anthony McLean

 

 

Boîte pour l’intangible #3 (2023, Broche): Sabots de chevreuil, Argent Sterling, Acier inoxydable, 3cmx 3,5 cm x 3cm

 

*Textes de Justine Bonnin.

Joanie Guillemet

Crédit photo: Anthony McLean

 

Biographie

Joanie est née en 1978 à Montréal. Elle étudie d’abord en psychoéducation et ensuite en tourisme. Elle travaille de nombreuses années en développement de produits touristiques et en animation historique. La pandémie la pousse à revoir son choix de carrière et elle décide de faire le saut vers le monde artistique qu’elle affectionne depuis toujours en choisissant la joaillerie.

Elle gradue de l’École de joaillerie de Montréal en 2023 en remportant le Prix d’excellence. Depuis, elle explore différentes avenues de la pratique en joaillerie en participant à des salons, expositions et en suivant des ateliers de perfectionnement.

Joanie aime le côté ludique des objets et éprouve un grand plaisir à collectionner. Fille d’un designer industriel, elle accorde beaucoup d’importance à la recherche et au prototypage. Tous ces éléments font partie de son processus créatif. Elle désire ardemment que ses bijoux soient des catalyseurs de conversation, des porteurs d’histoires. Elle cherche à ce que ses pièces expriment la joie et la résilience.

Démarche

La conception de la collection Arthritis repose sur la volonté de traduire la de la spondylarthrite ankylosante, une atteinte de la colonne vertébrale à travers des bijoux qui allient symbolisme et esthétique. Chaque étape de la création commence par une étude approfondie de la structure osseuse, en particulier des vertèbres, et des effets de la maladie sur celles-ci. L’artiste s’inspire des effets néfastes de la pathologie sur les vertèbres, tout en cherchant à intégrer des éléments qui rappellent la force et la résilience du corps humain.

La résine et l’argent sterling sont choisis pour matérialiser cette dualité entre fragilité et robustesse. Certains éléments de la collection reproduisent des vertèbres déformées, montrant les conséquences physiques de la maladie, tandis que d’autres conservent des formes plus saines, symbolisant l’espoir de guérison et de réhabilitation. Le choix de la couleur jaune fluorescent, omniprésent dans la collection, fait écho à la médication et souligne le rôle central du traitement dans le processus de rétablissement.

Chaque bijou est conçu pour évoquer une étape du parcours de soin, de la reconnaissance des symptômes à l’acceptation du traitement. Les textures osseuses et les inscriptions liées aux médicaments ajoutent une touche réaliste et personnelle, soulignant la lourdeur du processus tout en célébrant la force intérieure de ceux qui vivent avec la maladie. Le tout est pensé de manière à créer des pièces symboliques et évocatrices, qui allient esthétique, fonctionnalité et profondeur émotionnelle.

Pilulier (collier et bague, 2024) : résine, bouteille en plastique, paracorde jaune, argent 925, grenat GAGG. Crédit photo: Anthony McLean

 

Traitement (collier, 2024): paracorde jaune, résine, argent 925, acier, papier résiné. Crédit photo: Anthony McLean

 

Réparation (collier, 2024): perles de culture teintes, argent 925, fil de soie. Crédit photo: Anthony McLean

 

*Textes de Joanie Guillemet.

Laura Sasseville

Crédit photo: Alex Tran

 

Biographie

Laura Sasseville est née en 1980 à Montréal. Elle vit et travaille à Montréal. Elle étudie d’abord à l’école du verre de Montréal, Espace Verre (2004-07). Trouvant cette matière trop restrictive, elle s’intéresse alors aux possibilités créatives du bijou. Elle gradue, en 2017, de l’École de joaillerie de Montréal, avec honneur. Elle remporte les prix de la collection privée de l’école, de la qualité de la démarche artistique, le prix Barbara Cohen et est finaliste au Prix François-Houdé de Montréal et à la 14th annual Student Competition à L.A. Pai Gallery d’Ottawa.

La diversité des matériaux séduit Laura. Elle se crée un vocabulaire créatif, combinant argent ou cuivre, avec des matériaux alternatifs comme le polymère, la porcelaine, le textile, les perles ou encore l’émail liquide. Avide de connaissances, elle participe à de nombreux ateliers de perfectionnement et d’expérimentation afin de répondre à sa créativité.

Multidisciplinaire, elle travaille également d’autres médiums : le dessin, la sculpture et l’installation. En 2020, elle reçoit une bourse du Conseil des Art du Québec en Recherche et Création, pour sa série Emotional Horder (La compulsion de la mémoire émotive); une série de pièces exploratoires et importantes dans la démarche de l’artiste. Épaulée et mentorée par l’artiste en verre Susan Edgerley et le galeriste et commissaire Noel Guyomarc’h, elle réalise une meilleure compréhension de son identité artistique. Depuis, elle poursuit son projet inspiré du thème de la mémoire émotive, sur son impact sur elle et la condition féminine. On retrouve son travail dans quelques publications. Certaines de ses pièces ont été exposées au Canada et aux États-Unis.

Démarche

Par les différentes matières choisies et par leurs traitements, Laura traduit en bijou l’impact de la mémoire émotive. Elle aborde les thèmes de l’angoisse existentielle et la relation avec le corps au sein d’une société formatée à la performance toxique et à une perfection perverse. Porter ses créations incite alors au dialogue.

In body in me – explore sur le sujet de la dysmorphophobie et ses impacts physiques et psychologiques. C’est aussi un regard canalisé sur la transformation du corps à travers les différents stades de la féminité. D’où le titre de cette série qui est un clin d’œil au livre, de la philosophe française, Camille Froidevaux-Mett, Un corps en soi. Un ouvrage qui scande la vie des femmes et leur image à chaque étape de leurs vies. Dans un système qui éduque et conditionne à percevoir notre corps à travers les yeux du patriarcat et comment prendre possession de notre narratif corporel. Ainsi, cherchant à libérer mon corps de ces carcans, par le traitement des matériaux et de leur transformation, j’évoque le mal être, mais aussi la compassion, la tendresse et l’humour. Le sein déformé, la peau imparfaite, le corps transformé par la maternité sont dépeint. Le choix des matières est instinctif, mais réfléchit dans la modulation de l’idée. Cette série est un discours intimiste sur la corporéité de la femme. Un questionnement personnel sur mon propre corps, évoluant dans une société qui continue l’anhélation et l’objectification de la femme.

Tits up! (broche, 2023): argile polymère, acier, argent 925. Crédit photo: Laura Sasseville

 

30 (collier, 2024): émail liquide, cuivre, argent 925, nylon. Crédit photo : Anthony Mclean

 

365 (collier, 2024): perles de culture teintes et sculptées, argent 925. Crédit photo : Anthony McLean

 

***Textes de Laura Sasseville

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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