Être joaillier en région: Martin Fournier

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Martin Fournier a étudié pendant un an et demi à la formation collégiale en joaillerie, puis trois ans à la formation continue. Depuis qu’il est joaillier professionnel, il enfile les cours de perfectionnement, il est en apprentissage constant. Martin détient également un certificat en gemmologie. Voici son témoignage sur sa réalité d’artisan-joaillier en région.

 

Dans quelle région et quelle ville pratiques-tu le métier de joaillier?
À deux endroits, à Havre-Aubert aux Îles-de-la-Madeleine et à Tadoussac sur la Côte-Nord

 

Pourquoi as-tu choisi cet endroit?
Durant mes études à l’école de joaillerie de Montréal, je profitais de mes vacances d’été pour voyager et vendre mes bijoux dans différents festivals et dans les boutiques à travers le Québec. Un jour, j’ai vu un terrain à vendre sur le site historique de la Grave, j’ai vendu des bijoux tout l’été au Îles-de-la-Madeleine et à la fin de l’été, j’ai été en mesure d’acheter le terrain. L’année suivante j’ai fait construire un modeste atelier-boutique de 20 m2, c’était le début de l’aventure.

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Peux-tu décrire ta pratique? Où es-tu distribué, quel type de bijoux produis-tu?
Mon entreprise s’appelle Limaçon. Je me spécialise dans les bijoux en argent avec les pierres fines du Québec (gaspéïte, amazonite, scapolite, aigue-marine,…) que je taille moi-même. Je fais le Salon des métiers d’art de Montréal depuis près de 15 ans et en plus de mes deux boutiques, je vends aussi à la Boutique des métiers d’art de Québec et dans quelques boutiques en région.

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Martin en pleine cueillette de pierres fines aux Iles-de-la-Madeleine

 

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Quels sont les avantages selon toi à travailler en région?
Comme nous sommes moins nombreux à travailler, notre expertise en ressort davantage. Nous bénéficions aussi de l’achalandage touristique saisonnier ; les ventes sont réalisées davantage l’été, ce qui nous permet de produire davantage l’hiver, à nos heures.

 

Y a-t-il des désavantages à travailler loin des grands centres? As-tu eu à  t’adapter, à changer tes habitudes? Quels sont les défis auxquels tu dois faire face?
La distance est le principal obstacle. Cet éloignement occasionne des frais de transport supplémentaires pour participer aux événements, expositions ou formations. L’achat d’outillage et de matières premières est aussi difficile et doit être bien coordonné avec nos déplacements. C’est donc plus d’organisation, de logistique, de planification. Durant la haute saison, il faut tout avoir en main (pierres, métaux, outillage) car si il nous manque quelque chose, il est difficile de l’obtenir dans un court délais ; bien souvent il faut une semaine pour recevoir une commande et notre client en vacances est déjà reparti…

 

Dois-tu organiser ta production autrement étant donné ta situation géographique?
L’hiver, je consacre 50% de mon temps à la production, le reste du temps est dédié à la planification, la comptabilité et les formations.
Durant l’été, 90% de notre temps est dédié à la vente pour un maigre 10% à la production. Donc, durant l’été il faut être prêt, c’est comme faire une exposition qui durent 3 mois !

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As-tu eu plus de facilité à obtenir du financement pour des projets? (CDEC, Conseil de la Culture, etc)
Oui, car nous sommes moins nombreux à faire des demandes. Par contre ces dernières années, beaucoup de coupures gouvernementales ont fait diminuer les enveloppes disponibles.

 

J’aimerais t’entendre sur les différentes clientèles, sont-elles différentes en région par rapport à Montréal?
Oui et non, près de 50% de ma clientèle est de la grande région montréalaise, elle est par contre en vacances donc les habitudes de consommations ne sont pas les mêmes, les gens se permettent plus de folies. Ce qui est intéressant c’est lorsque je viens exposer au Salon des métiers de Montréal, je revois plusieurs de mes clients. La clientèle de produits des métiers d’art est une clientèle fidèle.

 

Quel conseil donnerais-tu à un joaillier qui souhaite s’établir dans ton coin?
Il faut faire sa place car ce n’est pas toujours facile de venir s’installer en région loin de notre réseau, nos amis et notre famille. C’est un peu recommencer une nouvelle vie! Arriver avec un service ou un produit qui n’existe pas aide grandement à se faire accepter par notre communauté d’accueil. Il faut surtout ne pas se décourager car souvent dans les petits milieux, ça prends plusieurs années avant de se faire accepter et faire partie du décor.

En 2015, Martin Fournier a offert des cours d’initiation de taille et de polissage de pierres. Les vacanciers pouvaient apporter une pierre trouvée sur les grandes plages des Iles-de-la-Madeleine et la monter en pendentif, bref un superbe souvenir de voyage. Près de 700 personnes ont assisté à cet atelier!

http://martinfournier.ca/

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