Les créations d’Aurélie Guillaume s’inscrivent dans l’histoire de l’émaillage et de sa longue tradition. En utilisant des techniques traditionnelles, elle oriente son travail dans un contexte contemporain, inspiré de l’art de la rue, de la bande dessinée, du pop art et de la contre-culture. Aurélie a étudié le design de bijoux et l’orfèvrerie à l’École de joaillerie de Montréal puis à l’Université NSCAD, Halifax. Son travail a déjà été exposé dans de nombreuses expositions collectives en Amérique du Nord et en Europe, notamment au Momentum SNAG Student Exhibition à Boston. Elle a reçu le prix BVK décerné par la Bavière Craft Council en Allemagne et, plus récemment, elle a été récipiendaire du premier prix à la 12ème édition du National Jewellery Student Competition organisé par la Galerie L.A. Pai à Ottawa.
Qu’est ce qui t’as motivée à poursuivre tes études à NSCAD?
Je ne savais pas trop ce que j’allais faire quand mes études allaient se terminer et alors que j’entamais ma dernière année, Pamela Ritchie, joaillière et professeure à l’Université NSCAD (Nova Scotia College of Art and Design) à Halifax, est venue donner une conférence sur son travail à l’École de joaillerie de Montréal et a laissé à notre disposition des reliures d’information sur NSCAD. Quand j’ai commencé à faire mes recherches sur cette école et que j’ai découvert le travail produit par les élèves du programme, j’ai été submergée d’une vague d’excitation. Il semblait que l’approche d’enseignement envers le bijou mettait l’emphase sur l’expression des idées, l’exploration de matériaux non traditionnels et sur le développement, non pas en tant que technicien, mais en tant qu’artiste. J’ai donc décidé de me lancer dans cette aventure en me disant que cela ne pouvait apporter que du positif et de nouvelles expériences excitantes! Et j’ai visé juste, aujourd’hui je recommanderais à beaucoup de suivre ce chemin. Je ne crois pas que j’aurais pu en faire autant si je n’avais pas poursuivi mes études là-bas.
Gauche:
Philomène
Sculpture, 2015
Émail, cuivre, argent sterling, argent fin, peinture thermoplastique
Droite:
Rendez-Vous Rosé
Broche, 2015
Émail, cuivre, argent sterling, argent fin, peinture thermoplastique, acier, micro billes de verre
Comment s’est passé ton séjour là-bas?
Je ne devais y aller que pour un an et demi car il existe un programme de reconnaissance de formation entre l’ÉJM et NSCAD où une majorité de cours suivis à l’ÉJM sont reconnus par l’Université. J’y suis finalement restée trois ans et j’ai adoré mon expérience là-bas. Au début, j’étais très inquiète car mon anglais n’était pas très bon, mais j’ai très vite surmonté ma peur et la gêne de parler avec mon accent français. Je me suis également rendue compte que je n’étais pas la seule dans cette situation. NSCAD est une université qui accueille beaucoup d’étudiants étrangers : 50 % d’entre eux viennent de la Chine, beaucoup de la Corée du Sud, des pays arabes ou de l’Amérique du Sud. Ça n’était pas toujours facile de comprendre ou de se faire comprendre, mais avec du temps et de la détermination j’ai fini par bien m’intégrer et à me faire des amis avec qui j’ai tissé des liens très fort. Et puis maintenant je parle couramment anglais, ce qui est une très bonne chose.
Ce que j’ai le plus aimé de ma formation à NSCAD c’était la possibilité de choisir des cours non reliés à la joaillerie. J’ai donc pu apprendre à faire de la sérigraphie, de la reliure, prendre des cours d’illustration ou d’histoire de la bande dessinée. En ce qui concerne le programme en tant que tel, je l’ai totalement adoré. J’ai pu suivre des cours entièrement dédiés à l’émail, à l’orfèvrerie ou encore aux techniques de céramique appliquées au bijou. Et puis, il y avait aussi les cours spéciaux d’été comme celui de manipulation des matières alternatives donné par Despo Sophocleous ou encore un cours pour apprendre à fabriquer des lunettes, un autre sur le tour à métal et la découpe au laser. Les possibilités sont quasi infinies à NSCAD et c’est ce qui fait la richesse de cette école, sans parler des professeurs. Pamela Ritchie, Kye Yeon Son, Lillian Yuen et Tom Ferrero sont les quatre professeurs du programme et j’ai eu la chance de travailler avec chacun d’entre eux. Ce sont des artistes aux carrières étonnantes, qui ont tous une vision unique sur le bijou et qui savent la transmettre avec passion.
Comment est arrivé ton attrait pour le travail de l’émail?
Avant de faire de la joaillerie, je croyais dur comme fer que j’allais devenir illustratrice. J’ai toujours adoré dessiner des bonhommes farfelus et je me voyais bien produire des livres pour enfants. J’étais au CÉGEP dans un programme de graphisme qui ne m’a pas trop plu et je n’ai pas aimé le fait de créer entièrement sur ordinateur, donc j’ai décidé de m’engager dans un programme qui me permettrait de travailler directement avec mes mains; c’est là que j’ai choisi la joaillerie. Par contre, je trouvais qu’il manquait de la couleur et je recherchais un moyen de l’intégrer dans mes bijoux. C’est alors que j’ai suivis le cours avec Christine Yelle d’Initiation à l’émail sur cuivre offert par le programme de perfectionnement de l’ÉJM. Je suis immédiatement tombée amoureuse de cette technique. C’est aussi d’ailleurs une des raisons principales qui m’a poussée à entreprendre des études à NSCAD, car le programme offrait des cours entièrement dédiés aux techniques de l’émail. Naturellement, j’ai suivis tous les cours qu’il était possible de prendre et depuis c’est devenu la technique principale que j’emploie pour créer mes bijoux puisqu’elle me permet d’allier mes deux passions : la joaillerie et l’illustration.
Gauche:
Tulipes et petits poils
Broche, 2015
Émail, cuivre, argent sterling, argent fin, peinture thermoplastique, acier
Droite:
Autoportrait
Broche, 2015
Émail, cuivre, argent sterling, argent fin, peinture thermoplastique, acier
Comment se passe ton retour à Montréal?
Je n’aurais pas pu imaginer un meilleur retour! J’ai trouvé un bel espace bien équipé que je partage avec trois autres joaillières talentueuses. J’ai aussi la chance incroyable d’avoir trouvé un emploi auprès de Luanne Martineau, artiste et enseignante à l’université Concordia, pour qui je prépare des pièces d’émail qui seront ensuite intégrées dans des sculptures de feutre et de papier. Cet ensemble d’œuvres sur lequel nous travaillons sera présenté lors d’une exposition en avril prochain à Calgary. Les samedis, je travaille en tant qu’assistante auprès de Pilar Agueci à l’ÉJM et je trouve cette expérience très enrichissante. À travers cela, il me reste encore assez de temps pour moi, que je dédie entièrement à la réalisation de nouvelles pièces, je crois qu’il est important de garder un certain momentum de création. Je me sens également particulièrement chanceuse cette année, car je me suis vue décerner quelques prix, notamment celui du National Jewellery Student Competition, un concours annuel organisé par la Galerie L.A. Pai à Ottawa, ce qui me donne la belle opportunité d’exposer en solo l’été prochain dans la capitale. Ce n’est pas le travail qui va me manquer cette année, j’ai beaucoup de pain sur la planche!! Je suis aussi très contente de retrouver ma ville, ma famille, mes amis et mes collègues!
Lisa Paï, Aurélie Guillaume et Mary K McIntyre
Comment te prépares-tu pour SOFA Chicago?
De manière très intense! Depuis le début du mois de septembre, j’ai travaillé sans relâche à la réalisation de quatre nouvelles broches qui seront présentées en exclusivité par la Galerie Noel Guyomarc’h. Je suis enchantée de participer à un tel évènement, je ne pensais jamais pouvoir y présenter mes bijoux, surtout aussi tôt dans ma carrière. Je suis d’autant plus heureuse, car je m’envole une semaine vers Chicago spécialement pour l’occasion. Je crois que ce seront des vacances bien méritées et j’aurais le plaisir de rencontrer d’autres artistes que j’admire et d’assister à de belles conférences.
L’École de joaillerie de Montréal recevra Aurélie Guillaume pour un midi-conférence, le vendredi 13 novembre à 12h00. La conférence est gratuite!