Le 18 septembre prochain aura lieu le vernissage de l’exposition Le Labo. L’École de joaillerie de Montréal s’est entretenue avec le galeriste Noël Guyomarc’h au sujet de cette aventure qui a débuté en 2010.
Comment est née l’idée de ces ateliers créatifs?
À l’invitation de l’École de joaillerie de Montréal, j’ai organisé en 2009 et 2010 des ateliers créatifs afin d’outiller les étudiants à trouver de nouvelles idées pour leurs projets. Par différents exercices simples, je proposais de les aider à trouver de nouveaux designs, de nouvelles esthétiques. Ce groupe était très stimulé et enthousiaste. Le programme collégial est particulièrement chargé, et cet espace de réflexion et de questionnement sur le bijou est peu présent. De nombreux projets de fin d’études, même s’ils étaient de qualité technique, semblaient avoir une ligne directrice semblable, souvent chargés et de composition complexe et exigeante. C’est normal, les étudiants doivent montrer qu’ils maîtrisent les différentes techniques acquises au cours de leur formation. Ce groupe qui a gradué en 2010, m’a proposé de poursuivre par des rencontres occasionnelles à la galerie pour échanger et travailler sur de nouvelles avenues. La première année, tout aussi expérimentale pour moi que pour elles, a été incroyable et vraiment stimulante. Et Le Labo est né.
Je crois que le Labo est échelonnée sur 2 ans n’est-ce pas?
La formule est maintenant bien établie. En première année, les participants doivent créer des bijoux ou des objets à partir de thèmes imposés. Les thèmes varient beaucoup, et se ressemblent peu année après année. Il peut s’agir d’explorer de nouvelles matières, de questionner le bijou en tant qu’objet, de trouver des sources d’inspiration inusitées. Les explorations en première année permettent de se découvrir et de comprendre la diversité des langages possibles en bijou. Les participants reçoivent le thème, travaillent dans leur atelier et ensuite nous nous rencontrons et échangeons sur les projets exécutés. Un nouveau thème est alors lancé à la fin de la rencontre.
Dans le cadre de la seconde année, on poursuit un travail de recherche pour créer une collection, soit de pièces uniques soit de séries limitées. Souvent lors de la première année, des idées émergent et intéressent les participants à poursuivre dans une direction souvent inattendue. Je deviens alors un guide, un critique, un élément perturbateur pour continuer la réflexion.
Avez-vous été surpris par la réception et la visibilité des projets des participants?
Le résultat de ces labos m’impressionne toujours. Et de plus, le travail issu de ces ateliers a obtenu souvent une visibilité nationale et internationale qu’on a peu vue depuis longtemps pour les créateurs de bijoux au Québec. De les avoir accompagnés dans un processus de recherche pour renouveler ou trouver un langage unique en bijou, leur a permis d’avoir cette visibilité qu’ils n’auraient sans doute pas eu si rapidement.
Qu’allons-nous retrouver dans cette exposition?
Cette exposition permettra de découvrir les nouveaux bijoux de ces jeunes créateurs. C’est le résultat de recherche à la fois formelle et esthétique, les bijoux aux matériaux inusités côtoient d’autres en matières plus familières. Ce qui surprend à travers les collections, est la diversité des propositions. Aucune des intentions artistiques n’est semblable, ce qui me plait beaucoup, chacun a trouver son langage, son mode d’expression, son esthétique et son concept. Par cette exposition, je réunis les participantes à deux années du Labo de 2010 à 2015. Depuis son existence, de nombreux participants ont obtenu une visibilité tant nationale qu’internationale, ils ont pris part à des expositions au Canada aux États-Unis, en Europe et en Asie, et plusieurs ont été récompensées de prix prestigieux. Je tenais à souligner l’excellence de leur parcours professionnel et artistique des 5 dernières années.
L’exposition Le Labo Nouvelles propositions du bijou de création au Québec /
New perspectives in Jewellery in Quebec est présentée à la Galerie Noël Guyomarc’h du 18 septembre au 18 octobre 2015.
Oeuvres: crédits photo Anthony McLean
Dans l’ordre, les oeuvres de
Magali Thibault-Gobeil, Katia Martel,
Catherine Granche, Catherine Sheedy,
Samuel Gélinas Lemay, Maude Lauzière-Dumas,
Émilie Dell’Aniello, Émilie Trudel,
Annie Loiseau,
Marie-Maude Brunet.