Je garde un excellent souvenir des cours de gemmologie que j’ai suivis dans le cadre de mon DEC en joaillerie. Je me souviens de la passion avec laquelle mon professeur, Odile Civitello, nous parlait des inclusions qui permettent de reconnaître les pierres, des mines, de la culture des perles. Toujours à l’affût des nouveautés dans le domaine, elle enseignait avec un grand professionnalisme. C’est avec enthousiasme qu’elle nous apprenait, à l’époque, que des entreprises minières étaient en prospection pour l’exploitation du diamant au Canada. Aujourd’hui elle enseigne toujours, mais elle s’est entourée d’une équipe, lui permettant de concentrer ses énergies sur sa pratique de gemmologue évaluateur. L’École de Gemmologie de Montréal a longtemps siégé dans les locaux de l’École de joaillerie de Montréal. Mais en mai 2013, l’EGM a déménagé dans des locaux plus spacieux, au 9e étage du 460 rue Sainte-Catherine Ouest. Voici un portrait de ma visite, ainsi que le témoignage d’Odile Civitello, GIA, FGA, CAP, présidente et fondatrice de l’EGM.
Depuis combien de temps travaillez-vous dans le domaine de la gemmologie?
Ma carrière en gemmologie est due au plus pur des hasards. Un jour, en 1981, une amie m’appelle de France et me demande si je veux me joindre à elle, la semaine suivante, pour un voyage au Sri Lanka, pays riche en gemmes. J’ai dit oui. C’est lors de ce premier voyage en Orient que j’ai découvert l’existence des pierres précieuses, un sujet qui m’était totalement inconnu et indifférent.
Une année plus tard, je suis allée en Inde où j’ai acheté du lapis lazuli et du grenat que j’ai vendu à mon retour. A ce moment-là je me suis vraiment intéressée à la connaissance des gemmes et j’ai suivi les cours nécessaires (y compris au Cégep de Maisonneuve) pour être diplômée tant du Gemological Institute of America que de l’Association britannique de gemmologie. Petit à petit j’ai découvert ce milieu plutôt fermé mais fascinant. Tout en ayant un emploi plein temps, j’ai commencé à enseigner le soir au Cégep de Maisonneuve.
J’ai été confrontée par la suite à un choix de carrière. J’ai finalement décidé de laisser la sécurité d’emploi pour me jeter sans filet dans le monde des pierres, plus précisément l’évaluation.
J’ai connu la tourmente mais « Je ne regrette rien ».
L’équipe administrative: Valérie Bombardier, BsC, FGA, EGMA, directrice générale,
Jacinthe Emond, FGA, joaillière et évaluateur professionnel, technicienne et Jasper le poisson mascotte.
Parlez-nous de votre école, en quelle année l’avez-vous fondée?
C’est encore le plus pur des hasards qui m’a amenée à l’enseignement : la faillite de l’institution où j’étais chargée de deux cours du soir. J’ai pu offrir ces cours à titre privé, l’un dans ma salle à manger et l’autre dans un sous-sol d’église. L’École de gemmologie est née en 1995. Par la suite les cours se sont donnés à l’EJM et le secrétariat ainsi qu’un bureau d’évaluation se trouvant ailleurs.
Le nombre grandissant d’étudiants et la nécessité d’avoir un secrétariat et un bureau d’évaluation à proximité de l’École de gemmologie ont conduit l’EGM à déménager dans de nouveaux locaux en août 2014. L’EGM est maintenant installée dans un immeuble au centre ville – en fait l’immeuble dans lequel j’ai donné mes cours pendant une année avant de louer une salle de classe à l’ÉJM.
Les étudiants que l’école accueille viennent d’horizons divers, géographiquement parlant et autrement. L’EGM travaille avec des institutions internationales et offre en fait quatre grands programmes :
- Un programme de cours et d’ateliers d’introduction auxquels toute personne qui s’intéresse aux gemmes peut s’inscrire;
- Un cours préparatoire aux examens de l’Association britannique de gemmologie en vue d’obtenir le titre prestigieux de FGA (Fellow of the Gemmological Association of Great Britain);
- Un cours d’évaluation de pierres et de bijoux accrédité par la Canadian Jewellers Association et homologué par GemWorld international;
- un cours de classification et d’évaluation de diamants bruts (un tel cours est offert en Belgique, en Afrique du Sud et en Floride seulement).
L’ÉGM a célébré ses 15 ans en 2010 et à cette occasion elle a accueilli des sommités du monde de la pierre qui ont partagé leur savoir et leur passion.
Le déménagement d’une école, c’est un gros projet. Êtes-vous satisfaite du résultat?
L’ÉGM compte aujourd’hui deux salles de classe entièrement équipées, un bureau d’évaluation, une cafétéria, une salle de professeurs et un secrétariat. Il y a deux entrées : une pour les étudiants et une pour le personnel enseignant et administratif.
Située au 9e étage, sur un coin, l’EGM se trouve dans des locaux spacieux et bien éclairés – situation idéale pour observer les pierres, les perles et les diamants.
Vous offrez le service d’évaluation. Pouvez-vous nous parler de cet aspect?
Le cabinet en expertise de pierres et de bijou travaille en étroite collaboration avec l’école. C’est une source de découverte constante qui permet de suivre le marché : les vrais, les faux, les pierres traitées, les faux certificats, mais aussi de belles histoires ou de belles personnes. Le public consulte un gemmologue évaluateur pour toutes sortes de raison : être rassuré sur un achat, vérifier l’authenticité, la qualité ou la valeur d’une pierre. Le gemmologue évaluateur est bien sûr un expert mais l’aspect conseil est sans doute l’aspect le plus gratifiant de ce métier.
Pouvez-vous nous partager un souvenir mémorable en lien avec les voyages que vous avez faits avec vos étudiants?
Sous la pression d’une ancienne étudiante, l’École qui avait organisé un premier voyage d’étude à Tahiti en 2000, a repris cette activité en 2011 avec un voyage en Birmanie, au Brésil en 2012, en Tanzanie en 2013 et une deuxième fois en Birmanie, Mogok étant ouvert, prévu pour la fin 2014.
Tous les voyages de l’École de gemmologie de Montréal ont été des réussites exceptionnelles grâce aux contacts que nous avons établis au cours des vingt-cinq dernières années. Au Brésil, le groupe a été invité par le propriétaire de la mine Cruzeiro (une mine de tourmaline), à quelque trois heures de la ville la plus proche, à passer une soirée et la nuit dans la maison du personnel. Après avoir démarré la soirée par une super caipirinha, les participants ont eu le même repas que celui des mineurs et se sont entassés dans deux chambres, qui dans des lits superposés, qui sur des matelas déposés sur le sol pour se lever tous à 5h00 du matin et admirer, en compagnie du propriétaire de la mine, le lever du jour aux couleurs de topaze impériale sur une immense forêt où flottaient ça et là quelques légers nuages se déchirant au vent du matin. Un souvenir inoubliable.
Du 9e étage de l’édifice où se situe l’École de gemmologie de Montréal, on peut apercevoir le Mont-Royal, la magnifique église St-James et l’École de joaillerie de Montréal!