Ted Deltour: De St-Barth à Montréal

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Depuis septembre dernier, les étudiants de l’École de joaillerie de Montréal (ÉJM) côtoient Ted Deltour, un sympathique joaillier venu de Saint-Barthélémy pour parfaire ses connaissances et ses techniques en fabrication de bijoux. Afin de répondre à ses besoins, l’équipe de l’ÉJM a conçu une formation sur mesure qui lui permettra de poursuivre ses créations sur son île. Avant qu’ il ne retourne dans les Antilles, nous lui avons posé quelques questions sur son parcours et son séjour à Montréal.

 

 

Comment avez-vous débuté en joaillerie?

J’ai toujours aimé l’histoire derrière les choses, la patine du temps, la charge émotionnelle ou les fantasmes que l’on projette sur un objet. Je suis un vrai collectionneur. Adolescent, j’adorais déjà ces moments privilégiés à dessiner et travailler des détails pendant des heures dans un état semi-méditatif. J’en avais besoin et c’est toujours le cas maintenant.

Il y a 15 ans j’ai découvert Saint-Barth, une toute petite île des Caraïbes françaises. Habiter sur une île c’est se rapprocher de soi-même : ma curiosité, mon sens esthétique et créatif ont alors refait surface naturellement. Je me suis laissé porté par l’énergie à la fois simple et sophistiquée de mon île: les déshabillés, les longs sautoirs qui épousent les tuniques légères, les peaux dénudées et bronzées. En créant des bijoux, je m’amuse à trouver un lien entre tout ça; une conversation organique et minérale à porter sur soi, sous le soleil, comme un trésor.

 

 

Qu’est-ce qui vous a incité à vous inscrire à l’École de joaillerie de Montréal?

J’avais un profil atypique, celui d’un adulte ayant déjà développé une marque avec une identité forte. Les doigts déjà assez agiles par le travail en atelier, mais ne connaissant rien aux techniques traditionnelles de bijouterie et de joaillerie. De plus, je devais continuer ma propre production pendant l’année d’école avec comme objectif de pouvoir immédiatement incorporer de nouvelles techniques dans mon travail.
Après pas mal de recherches sur internet, l’ÉJM revenait souvent et semblait vraiment adaptée à mon profil. Je connaissais déjà Montréal, j’ai quelques amis ici et j’avoue que l’argument du taux de change n’était pas négligeable non plus. Et puis… après quinze ans dans les Caraïbes, quoi de plus exotique que d’expérimenter l’hiver montréalais !
Avec l’aide précieuse de Katherine David (adjointe administrative de l’ÉJM) qui a vraiment permis du début à la fin que je puisse vivre cette année avec vous. Je me suis concocté une année de formation sur mesure, incluant des cours pour adultes et tous les stages que j’ai pu insérer dans mon planning. Une véritable année de découverte durant laquelle j’ai pu me nourrir de connaissances dispensées par des professionnels. Honnêtement je ne pouvais pas rêver mieux.

 

 

Comment s’est passé votre adaptation et votre installation à Montréal?

Pour le coup c’était un peu sortir de ma zone de confort! Troquer mon île, mes ami(e)s, mes 26°C toute l’année et mes tortues de mer pour des expéditions polaires quotidiennes en mode survie dès qu’il faut mettre un pied dehors, tout en faisant bien attention à ce qu’il ne glisse pas…
Objectivement, je n’ai pas vu le temps filer. J’ai été très occupé et l’hiver est passé beaucoup plus rapidement que prévu. C’est vraiment agréable de travailler quand il y a une tempête dehors tout en pensant à mon soleil là-bas.

 

 

Qu’appréciez-vous le plus de cette expérience?

Avant cette année passée avec vous, je me considérais plus comme un designer/artisan autodidacte n’ayant pas de bagages concrets pour le travail de bijoutier/joaillier avec les limites et les frustrations que cela implique parfois. Maintenant et plus encore dans quelques mois à la fin de l’école, j’aurai une palette plus riche de techniques et de connaissances qu’il m’appartiendra de développer encore et toujours pour nourrir mes créations.
Certains enseignements m’auront apporté une culture générale avec la satisfaction de pouvoir se dire : ”Ok, j’ai démystifié l’affaire, maintenant je connais les bases techniques” (copyright Gustavo Estrada et Denis pour l’expression), d’autres ont été de véritables révélations (Merci Yves St Pierre et Frances Peich!) que je vais m’empresser de continuer a expérimenter dans mon atelier.

J’ai rencontré des gens passionnés et passionnant aux profils différents mais ayant en commun une belle humanité et une énergie créatrice. À tou(te)s les Katherine, assistantes, techniciennes et professeur(e)s (Christine Dwane, Daniel Moisan, Antonio Serafino) : merci pour votre gentillesse et votre patience !

 

 

Est-ce que vous avez une idée de ce que vous désirez faire de retour à votre atelier à Saint-Barthélemy?

Je vais très certainement dans le désordre évider, couler, limer, cuire et recuire, sculpter, lapider, marteler, écrouir, laminer, sertir, forger, scier, souder, polir, carboner, percer, mettre en forme, brunir et découvrir un moyen révolutionnaire d’enlever la peau de feu en moins de 15 secondes chrono.

 

 

Avez-vous des recommandations à faire aux gens de l’international qui souhaiteraient venir à l’ÉJM?

L’équipe en place est très compétente, ils sauront s’adapter à votre profil et vous guideront personnellement et avec chaleur pour que votre projet aboutisse : faites leur confiance.
Ne pas oublier écharpe et bonnet pour l’hiver, un abonnement au BIXI pour les beaux jours et considérer le 620 Cathart comme sa seconde maison. Prendre un cours de sifflotage avec Antonio pour les soudures difficiles, ça aide plus qu’il n’y paraît et ne pas oublier de prendre du plaisir à ce que l’on fait, toujours s’amuser avec nos pinces et nos limes, en grands enfants que nous sommes : )

 

Lien d’intérêt :

Site Internet de Ted Deltour

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